SWIPE
Une panne générale des serveurs et c'est tout un monde qui s'effondre. Celui du tout numérique, où l'information est courte et tranchante. Où le
hasard est contourné. Où l'on balaye des profils d'un revers du doigt, en swipant irrépressiblement sur nos écrans. Cette pièce très contemporaine propose
de se saisir de la faille du système pour se reconnecter aux autres et à soi-même, loin des écrans, au travers de nos corps.
J'ai pensé SWIPE comme un pamphlet contre l'omniprésence des écrans dans nos vies. Un pamphlet, pour alerter, à mon échelle, le public sur les
dangers des écrans. SWIPE, c'est ce mouvement irrépressible du doigt qui dit beaucoup du changement de nos comportements. Nous swipons machinalement
pour passer d'une information à une autre, d'un profil à un autre. Sans se laisser le temps de s'adonner ni à la rêverie, qui est pourtant le moment idéal pour
s'écouter et se connaître, ni à l'ennui qui est la meilleure école d'apprentissage de soi. Le bond technologique est, en ce sens, un véritable braquage de notre
temps de vie. Dans le début de la pièce, j'ai axé le travail chorégraphique sur l'usage des mains et par extension des bras. C'est la partie du corps que nous
mobilisons sans cesse avec nos portables. J'ai ainsi créé un vocabulaire chorégraphique reprenant les emojis que nous utilisons aujourd'hui et qui virtualisent
les sentiments. Je pose alors cette question : sommes-nous devenus des machines ? J'aimerais penser que non. C'est pour cela que dans SWIPE, j'imagine le scénario
d'une panne générale des écrans. Dans cette seconde partie du spectacle, les mouvements deviennent plus fluides et organiques, ils habitent chaque partie du
corps. C'est là que mon écriture chorégraphique se renforce et qu'on apprécie aussi la personnalité de chaque interprète à travers sa danse. Alors, on peut se
reconnecter à notre personnalité, réaliser que l'autre existe en dehors des écrans, et faire que tout le corps vive et s'exprime, sur scène comme en dehors. De nombreux
styles de danse sont présents sur scène. C'est important pour moi de s'affranchir des barrières. Mais, l'objectif est aussi que le spectateur puisse encore mieux
identifier la personnalité de chacun des interprètes. Je tente ainsi de mettre en valeur l'unicité de chacun alors que les réseaux sociaux nous appellent à nous
conformer à des modèles. Le live de DJ Freshhh interpelle beaucoup. J'ai trouvé pertinent de le faire intervenir sur scène, car j'assimile le mouvement qu'il fait
sur sa platine lorsqu'il scratche, au swipe que nous faisons sur nos écrans. Si bien que, lorsque la panne sévit, nous nous raccrochons d'abord à ce vinyle comme
substitut aux écrans, avant de rencontrer l'autre et nous-même. La scénographie est portée sur l'univers des écrans. Nous utilisons la lumière de téléphones portables
qui se reflète sur notre peau et nos tenues blanches. Un écran géant fait place sur scène, pour séparer le monde virtuel du monde réel.

Distribution
Chorégraphie et écriture :
Elodie Lamri
Assistance chorégraphique :
Adrien Larrazet
Interprétation :
Elodie Lamri, Adrien Larrazet, Noam Rebaï, Kim Amghar et DJ Freshhh
Création lumière :
Guillaume Lefebvre
Création musicale :
DJ Looping et DJ Freshhh
Regard extérieur :
Sophie Lemarchal
Partenaires
Coproductions : CCN de Créteil, Le petit Echo de la Mode
Subventions : Région Bretagne, Caisse des dépôts
Accueils en résidence : Le Triskell à Pont-l'Abbé, Espace Albert Camus à Bron, Réservoir danse à Rennes, CCNRB à Rennes